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analyse de la position du syndicat national de l'édition (SNE) sur l'ebook...
Dans le livre numérique fils de l'auto-édition
Dans l'essai le livre numérique, fils de l'auto-édition (il est sorti le 1er mai 2011) j'ai naturellement analysé la position du syndicat national de l’édition, ce cher SNE. Si vous n'avez pas lu cet ebook (2 euros 99 TTC !) je vous livre quelques pages :

L’ebook selon le SNE. Analyse de la version officielle
Savoir ce que pense l’adversaire est essentiel !
Il existe un document presque surréaliste, pour moi. Mais non,
c’est ainsi qu’on pense au SNE.
http://www.sne.fr/informations/livre-electronique-03-09.html

Il s’agit d’un texte intitulé « Le livre numérique : idées reçues et
propositions », diffusé au salon du livre de Paris, lors des
Assises professionnelles du livre, organisées par le SNE, le 17
mars 2009.

Essayons de convaincre :
un livre numérique
doit coûter plus cher qu’un livre papier !

Ce n’est pas un sujet de littérature fantaisiste ni une rédaction
pour les 6eme C.

Ainsi le SNE égraine des arguments pour combattre l’idée qu’un
livre numérique doive coûter moins cher qu’un livre papier !
Il prétend même qu’un ebook « coûte au moins autant à
produire qu’un livre papier. »

Admirons le sophisme : étant convenu : les dix euros d’un livrepapier
vendu se répartissent de la manière suivante : 1 € pour
l’auteur, 1,50 € pour l’éditeur, 1,50 € pour l’imprimeur, 1,70 €
pour le diffuseur et le distributeur, 3,80 € pour le libraire, 0,50 €
pour l’Etat (TVA).

Le SNE précise néanmoins : « ce sont, à part la TVA, des
chiffres moyens, qui peuvent varier. » La part de l’imprimeur
semble surévaluée : après 2000 exemplaires, le coût de
l’impression tombe le plus souvent à moins de 10% du prix du
livre. Mais il est vrai que ces éditeurs subissent un nombre
d’invendus conséquent, dont les frais même de destruction sont
sûrement reportés dans la case « imprimeur. »

Et c’est parti pour la version ebook selon le SNE : « L’auteur
touche toujours autant, et aimerait bien davantage… » (ne
rêvez pas : autant doit se comprendre en pourcentage)
Certes « il n’y a plus d’imprimeur ni de frais de logistique liés
au papier (transport et stockage). »
Mais l’éditeur aura « de nouveaux coûts », et on trouve là une
liste à la Prévert : « coûts de conversion des fichiers (voire de
numérisation s’il s’agit de livres plus anciens), coûts de
stockage des fichiers, coûts de sécurisation des fichiers, frais
juridiques liés à l’adaptation des contrats d’édition et à la
défense contre le piratage, etc. »
Y’a même pas le coût de l’ordinateur !

Coût de conversion des fichiers, de word en PDF ? (les éditeurs
connaissent pourtant la procédure : ils fournissent aux
imprimeurs des documents PDF)
Qu’y a-t-il de choquant, finalement, quand on est le syndicat des
éditeurs, à vouloir donner la part de l’imprimeur et celle des
transporteurs à l’éditeur ?

Mais ce n’est pas tout : « vendre des livres numériques ne se fait
pas tout seul : cela nécessite un diffuseur-distributeur (« edistributeur
» pour reprendre la terminologie de Gallica2) et
des sites de vente en ligne des livres (« e-librairies »). »

M. David Assouline, le 29 mars 2011, lors du débat sur le prix
unique du livre numérique au Sénat :
« Il est incompréhensible que les éditeurs nous disent que, s’il y
a une économie de coût, les auteurs n’ont pas à bénéficier d’une
rémunération digne et équitable ! Là où le marché du livre
numérique s’impose, les économies sont importantes : les
auteurs doivent pouvoir bénéficier d’une rémunération juste et
équitable. Un rapport est une bien faible réponse. »

Quelques instants plus tard à la même tribune :
« Quand je vois les éditeurs s’insurger contre une petite phrase
sur « la rémunération juste et équitable des auteurs », je me dis
que les masques tombent. Il n’y aurait pourtant pas de livres
sans auteurs, pas de création sans créateurs. Des dizaines de
milliers d’auteurs sont dans l’impossibilité de vivre de leur
travail.

Avec le numérique, nombre de coûts vont être atténués, du
papier à l’imprimerie et au stockage, on pourrait donc se
préoccuper enfin des auteurs. Et on nous dit « Oh non, surtout
pas » ! Nous ne pouvons rester les bras ballants face à cela.
A l’heure actuelle, 55 % de coût du livre représente la
distribution, 15 % l’impression, 20 % l’éditeur et 10 % l’auteur.
Avec le livre numérique, l’éditeur touchera sept fois plus que
l’auteur !

Je n’ai donc pas compris que les députés aient pu céder sur ce
point. Les éditeurs japonais, américains, canadiens m’ont dit la
même chose : le numérique réduit de 40 % les coûts d’édition. »
http://www.senat.fr/cra/s20110329/s20110329_21.html

Pourtant le SNE pose la question qui aurait pu être la mienne :
« pourquoi ne pas pratiquer la vente directe ? »

Mais la réponse fuse, péremptoire : « Ce serait méconnaître
l’importance stratégique que revêt la librairie de qualité pour
tous les éditeurs. » Pas certain que les éditeurs le pensent
vraiment mais face au tsunami possible du numérique, prétendre
que nous sommes tous dans le même bateau !

Oh ! Le mythe de la librairie de qualité ! « 3 500 libraires
indépendants ont survécu… » (Frédéric Mitterrand)

Bref, ces nouveaux coûts « compensent peu ou prou » ceux de
l’imprimeur.

Et comme nous ne sommes toujours pas en 2012, le passage
d’une TVA de 5,5 % à 19,6 % entraîne « un surcoût de 14 % du
livre numérique ! »

Le SNE sait bien que les consommateurs veulent du moins cher :
« Non seulement annoncer que le prix du livre numérique devra
être inférieur de 30 % à celui de papier est dangereux pour le
développement du marché numérique, mais il l’est aussi pour le
livre papier, dont on ne comprendra plus qu’il soit à payer au
juste prix : c’est tout l’édifice de la loi sur le prix unique qui
risque d’être remis en cause. »

Hé oui, cher SNE, c’est tout votre système qui doit s’écrouler.
Le livre papier a trouvé un concurrent nettement moins cher, il
ne lui reste plus qu’à se montrer plus pratique.

Mais ce n’est pas fini, le SNE s’attaque à toutes les « idées
reçues. » Vient ensuite : « Le livre numérique va remplacer le
livre papier. »

Réponse :
« Pas de fatalisme de notre part. Le livre numérique est pour les
éditeurs une formidable opportunité de créer un nouveau
marché et de toucher de nouveaux publics. L’édition est en train
de devenir une industrie multi-supports : livre papier et livre
numérique vont coexister. Une partie du marché du livre papier
va diminuer, mais elle sera compensée par la création de
nouveaux marchés. L’arrivée d’un nouveau média ne détruit pas
forcément les anciens, il crée de nouveaux usages, souvent
complémentaires des anciens : la télévision n’a pas détruit la
radio, etc. »

Essayez de comprendre qu’au niveau du livre, ce n’est pas un
nouveau média mais une nouvelle approche : un autre support
pour le même contenu.
Le numérique permet naturellement d’autres utilisations qu’un
livre mais ce n’est pas notre sujet : nous sommes simplement
dans un secteur confronté à l’arrivée d’un nouveau support pour
nos écrits.

Résumons l’idéal probable du SNE : les anciens lecteurs
continuent à acheter du papier très cher et le numérique permet
d’accroître le marché.

Comme au SNE remontent sûrement les inquiétudes des
éditeurs, il répond aussi à : « en devenant numérique, le livre va
fatalement être piraté, comme le disque et la vidéo. »

Qui a osé prendre l’initiative d’écrire :
« Dans l’univers d’Internet s’est installé le mythe de gratuité de
l’accès aux contenus intellectuels : la musique et la vidéo en ont
déjà fait les frais, perdant l’un la moitié, l’autre le quart de son
marché. Idée faussement généreuse voire dangereuse car elle
risque d’entraîner un appauvrissement de la qualité et de la
diversité des contenus, dont les éditeurs sont les garants, voire
le retour à un système pris en charge par l’Etat. »
Les éditeurs autoproclamés garants de la diversité des contenus !
Il faut oser ! Ils osent.

Alors, camarades, il est urgent de « lutter contre la prolifération
du piratage » et pour cela, tout le monde doit s’y mettre,
« fournisseurs de contenus, télécoms, fournisseurs d’accès à
Internet, moteurs de recherche et bibliothèques numériques. »
Tous ensemble pour sauver les bons soldats du SNE !
Mais le monde est peuplé de méchants : « certains de ces
acteurs, dont les visées monopolistiques et hégémoniques sont
claires, renversent le principe du droit d’auteur pour
promouvoir leurs propres intérêts et générer d’importants
revenus publicitaires à partir des contenus des éditeurs. »
Aucun groupe d’édition en France n’a de « visées
monopolistiques et hégémoniques ? »

Alors, l’appel aux fondamentaux du droit d’auteur, « qui fait
partie des droits de l’Homme hérités du Siècle des Lumières. »
Et ce droit d’auteur « rémunère le travail des auteurs et de leurs
éditeurs. »

Oui… mais ce n’est pas le problème, chers gens du SNE !
Surtout que la suite est fracassante, l’humanité court à sa perte si
les profiteurs des écrivains disparaissent : « N’y a-t-il pas là une
extraordinaire régression démocratique à refuser de rémunérer
le travail intellectuel, à refuser de rémunérer l’oeuvre de l’esprit,
alors qu’on accepte de payer pour des biens matériels ou des
services ? »

Quand 90% des revenus consécutifs au travail d’un écrivain
s’évaporent, vous considérez le travail intellectuel justement
rémunéré ? Vous participez à la domination d’un système
injuste, nous devons donc vous renverser.
Nous souhaitons élaborer un modèle économique équitable, qui
rémunère correctement notre travail intellectuel, sans restreindre
l’accès à nos oeuvres par un tarif exorbitant.
Vient ensuite un domaine qui nous concerne vraiment mais une
affirmation combattue par le SNE : « On pourra se passer
d’éditeur à l’ère du numérique. »

Et contre cette utopie, ils ont un exemple fracassant : Stephen
King. Explications : « Stephen King a tenté l’expérience de
vendre directement ses livres en ligne. Devant l’échec complet
de sa tentative, il est revenu vers son éditeur… » Vous voyez
bien que c’est impossible, Stephen King a échoué !
D’ailleurs : « Cette idée reçue provient d’une méconnaissance
du métier et de la valeur ajoutée de l’éditeur. »

Et si on parlait plutôt d’Amanda Hocking ? Elle est du même
pays que Stephen King, les Etats-Unis, mais elle n’a que 26 ans
(contre 63 pour son aîné) et elle a vendu 900 000 livres en moins
d’un an… Devenue millionnaire sans éditeur, en distribuant sur
Amazon et quelques autres web plateformes. Sans éditeur, en
auto-édition donc, avec des livres vendus de 0,99 à 2,99 dollars.
Mais contrairement au modèle du SNE, 70% du prix payé par
les internautes lui revient.

Néanmoins, voilà la grande vérité du SNE : « Plutôt discret et en
retrait derrière ses auteurs, l’éditeur a pourtant un rôle crucial :
il sélectionne et « labellise » les oeuvres en les intégrant dans un
catalogue, un fonds, une marque reconnus par les lecteurs ; il
apporte une contribution intellectuelle (« création éditoriale »)
importante ; enfin il s’engage à exploiter commercialement les
oeuvres de manière continue (vente de livres, de droits dérivés,
etc.). »

Qui y croit, quand Loana est labellisée Pauvert ! Pauvert
l’éditeur de Sade, Apollinaire, Georges Bataille, André Breton,
René Crevel, Tristan Tzara, Boris Vian... Certes Pauvert devenu
une filiale des éditions Fayard. Albin Michel aurait tant aimé
éditer l’icône de la télé réalité !
Vous souhaitez revêtir le label de la filiale livres de Lagardère ?
Autre « idée reçue » combattue : « On pourra se passer de
libraire à l’ère du numérique. »
Alors le beau blabla habituel : « L’existence en France d’un
vaste réseau de librairies indépendantes, qui s’est globalement
maintenu grâce à la loi sur le prix unique du livre, est
déterminante pour la diversité et la qualité de la production
éditoriale. » Tu parles, Charles ! Grâce aux subventions des
Conseils Régionaux aussi. Des libraires qui ouvrent les cartons
et placent aux tables d’honneur les livres vus à la télé !

Et nous sommes prévenus : « Le SNE est mobilisé pour aider la
librairie indépendante à trouver toute sa place sur le marché
émergent du livre numérique. » Sauvons les libraires alliés des
éditeurs, sur le dos des écrivains.
Ensuite, place aux « propositions pour créer une offre de livres
numériques de qualité. »
Pour la TVA à 5,5, nous sommes forcément d’accord. Mais
revient le soutien aux librairies, qu’ils semblaient disposés à
subventionner (vous voyez où fond l’argent de la culture) pour
leur permettre de créer un portail Internet.
Je ne résiste pas, je reprends encore deux phrases, c’est
tellement caricatural : « Il faut aider les librairies de qualité à
entrer sur le marché du numérique, en créant un ou plusieurs
portails de vente en ligne de livres non seulement papier, mais
aussi numériques. C’est la condition sine qua non du maintien
de la diversité culturelle. »

Sur la lutte contre le piratage, ce sont les arguments classiques,
contre l’ebook gratuit.
A aucun moment n’apparait la possibilité d’un autre modèle
économique. Ils veulent que le numérique se plie à leur vieux
système, un monde figé. Ils défendent leur profession, ce n’est
pas un scandale. Mais qu’on arrête de prétendre que ce SNE peut
parler au nom des écrivains. D'autres analyse dans le livre numérique, fils de l'auto-édition... 2 euros TTC, format PDF et ePUB...



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- le 28 octobre 2013 à 18 heures 31
par annabelle : hé oui, pourquoi ne pas pratiquerions-nous pas la vente directe ?


- le 08 juin 2011 à 16 : 27
par Maxime : c'est un peu long mais c'est clair !


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